lundi 25 juillet 2011

La gratuité des études universitaires remise en cause

Après le rapport de l'Institut Montaigne, celui de l'Institut de l'entreprise, rendu public ce mois-ci, traite à son tour de la question du financement de l'enseignement supérieur. 

Les étudiants pourraient bientôt être contraints de payer d'importants frais d'inscription


Le manque de financement de l'enseignement supérieur reste toujours préoccupant malgré les efforts entrepris par l'Etat ces dernières années. Pierre-André Chiappori, auteur de ce rapport, estime qu'il sera nécessaire de recourir davantage «aux financements de l'université par les ménages» et qu'une implication plus forte des entreprises au sein des universités est indispensable. 

En effet, en France, la quasi-totalité des ressources des universités provient du budget de l'Etat tandis qu'aux Etats-Unis «c'est moins de la moitié dans les universités publiques, moins du quart dans les grands établissements de recherche à structure privée sans but lucratif» rappelle Le Figaro. Or les différences de ressources entre les universités américaines et françaises «atteignent des niveaux dramatiques».

La remise en cause de la gratuité des études universitaires paraît «inéluctable à moyen terme» Pierre-André Chiappori
Certains Présidents d'université pointent du doigt l'insuffisance des apports du Grand Emprunt en estimant que des frais d'inscription de 2 000 euros rapporteraient davantage de ressources. Ils préconisent un système proche de celui pratiqué aux Etats-Unis : faire payer des frais de scolarité significatifs avec des possibilités d'emprunts à faible taux et un système de bourse plus développé. Ce système déchargerait les plus démunis du paiement de services dont ils ne sont pas les principaux bénéficiaires mais ferait peser ce lourd financement sur les épaules d'une classe moyenne déjà fortement taxée obligeant les jeunes étudiants à démarrer leur vie active en étant déjà endetté.

On voit d'ailleurs qu’aujourd'hui ce système dérape. Aux Etats-Unis on observe une forte hausse des droits d’inscription empêchant l'accès à l'université de beaucoup de jeunes Américains. D'après le blog Il y a une vie après le Bac, en moyenne, les droits de scolarités sont ainsi de 19 600 $ par an (14 350 €) dans les universités publiques et de 27 200$ par an (20 000 €) dans les universités privées. Des montants que les aides, que touchent effectivement souvent les 3/4 des étudiants, sont loin de ramener au niveau de ceux de la France.

Comment être certains que le même phénomène ne se produirait pas en France si l’université était demain soumise à un système où le paiement de frais élevés est la règle et les bourses le système dérogatoire ?

Sciences Po Paris et l'université Paris Dauphine modulent les droits de scolarité selon les revenus des parents : les frais s'élèvent jusqu'à 10 000 euros l'année... 

Un autre point souligné dans ce rapport concerne l'autonomie et la compétition des universités qui selon l'auteur est indispensable à une bonne émulation. De ce système on peut craindre un classement et des différences telles qu'il sera nécessaire d'avoir une grande assise financière afin de pouvoir bénéficier du meilleur enseignement privant certains étudiants de l'excellence.

Cette question reste donc encore en suspend et sera sans doute l'un des thèmes de la prochaine campagne présidentielle : comment parvenir à financer un système universitaire français qui se doit d'être davantage compétitif ?