L'Institut Montaigne, think tank suivi et respecté par les hommes politiques, plaide pour rouvrir le débat sur la hausse des droits universitaires en France en prenant comme exemple les arguments de la politique autorisant le triplement des frais de scolarité des universités britanniques. On peut craindre que cette tendance s'exporte en France.
Une tendance européenne vers la hausse des droits universitaires
Le nouveau gouvernement britannique au lendemain de son élection en juin 2010 s'est immédiatement attelé à la réforme de l'enseignement supérieur. En décembre dernier, le Parlement britannique a voté une réforme des droits de scolarité autorisant les universités à doubler, voire tripler le plafond des droits exigibles à partir de la rentrée 2012, passant de 3.200 £ (3.900 €) à 9.000 £ (10.600 €) pour le premier cycle (undergraduate degree). Cette augmentation des frais de scolarité doit compenser les coupes réalisées dans le budget des établissements de l’enseignement supérieur britannique. Le gouvernement financera, via des prêts, les frais de scolarité des étudiants jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de rembourser cet emprunt après leurs études et à condition qu’ils aient un revenu minimum de 21.000 £ (24.050 €) par an.
Une majorité des universités demanderaient 9.000 £ de droits de scolarité. Une crainte pour les étudiants Français
Deux tiers au moins des universités ont déjà annoncé qu’elles souhaitaient fixer à 9.000 £ leurs droits de scolarité. Le gouvernement ne s’attendait pas à une demande aussi forte. Cependant, c'est l'Office for Fair Access (OFFA) qui arbitrera au regard de critères précis ces hausses. En effet, il prévoyait que seuls les universités les plus prestigieuses élèveraient leurs droits et que le montant exigé dépendrait du classement de chacune des universités.
Ainsi les étudiants anglais et ressortissant de l'Union Européenne devront s'endetter auprès de l'Etat anglais jusqu'à 44 540€. Le rêve de partir étudier dans une université anglaise s'assombrit donc pour des milliers d'étudiants.
Ainsi les étudiants anglais et ressortissant de l'Union Européenne devront s'endetter auprès de l'Etat anglais jusqu'à 44 540€. Le rêve de partir étudier dans une université anglaise s'assombrit donc pour des milliers d'étudiants.
Les frais de scolarité ne sont pas les seuls obstacles à l'engagement dans les études supérieures
Les vrais obstacles pour l'accès à l'enseignement supérieur ne sont pas les frais de scolarité mais bel et bien l'accès au logement, les frais de déplacements ou de nourriture. Or, les budgets alloués actuellement ne permettent pas de financer, entre autres, un système de bourses plus généreux pour les plus démunis ou du moins ceux qui ne peuvent couvrir leurs dépenses courantes.
Vers une augmentation des frais d'inscription en France ?
La réforme britannique est impensable en France, cependant la question du financement des études supérieures est souvent posée. L'Institut Montaigne met en avant trois motifs qui justifieraient la hausse des droits d'inscriptions, motifs qui pourraient être entendus par le gouvernement :
- le rendement des formations dispensées par l’enseignement supérieur est en grande partie privé puisqu’il bénéficie aux étudiants eux-mêmes ;
- à travers les dotations allouées par l’État, l’enseignement supérieur est majoritairement financé par les impôts de tous. Or, en dépit de l’augmentation continue du nombre des étudiants et de la durée de leurs études depuis plusieurs décennies, ce sont majoritairement des personnes issues des classes moyennes et surtout supérieures qui suivent des études supérieures ;
- enfin, des frais de scolarité plus élevés, se rapprochant du coût réel des formations supérieures, peuvent remplir une double fonction d’aiguillon de la concurrence entre les établissements et de responsabilisation des étudiants dans leurs choix d’orientation. Des étudiants sollicités pour financer une partie de leurs études sont enclins à attendre en retour des enseignements de qualité.
Ainsi le rapport de l'Institut Montaigne va dans le sens des politiques actuelles et laisse craindre une hausse des droits d'inscription qui obligerait les familles à prévoir et à épargner pour les études de leurs enfants.
Source: EducPros.fr